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MONTEBELLO - Distillerie CARRERE
GUADELOUPE

LA FAMILLE MARSOLLE

En 1900, la Guadeloupe comptait environ cent distilleries. En 1939, ce nombre était tombé à 55 distilleries agricoles et 15 rhumeries industrielles. Aujourd'hui, il ne reste plus que neuf distilleries agricoles, la plupart étant des entreprises familiales centenaires, ainsi qu'une rhumerie industrielle. Ce qui différencie la Guadeloupe de la Martinique, c'est le caractère indépendant de ses distilleries, car seules la distillerie-sucrerie de Bonne Mère, qui est une unité industrielle, et la Distillerie de Bellevue à Marie-Galante appartiennent à un groupe.

La distillerie CARRERE est située dans les premiers reliefs de la plaine de Petit-Bourg, en bordure de la route du hameau de Carrère. Bien qu'elle ait été construite en 1930, elle a par la suite beaucoup évolué après avoir subi les dures périodes de la Seconde Guerre mondiale. En 1966, Jean Marsolle et son fils Alain ont racheté l'entreprise, dont l'atelier de broyage ne produisait que trois tonnes par heure !

Alain Marsolle, né en 1936 à Saint-Claude, en Guadeloupe, a suivi une formation de dessinateur industriel à l'école des "Jésuites" de Toulouse en 1945. Il a commencé sa carrière dans l'industrie sucrière en 1962 avec les sociétés Sainte-Marthe et Gardel. En 1968, avec son père, il est devenu distillateur, mais il a fallu attendre sept ans de plus pour qu'une nouvelle entité plus performante voit le jour.

En 1975, la Distillerie Carrère a commencé à commercialiser son rhum sous le nom de Rhums Montebello, après avoir été équipée de nouveaux équipements. Aujourd'hui, la quatrième génération de Marsolle est à la tête de la distillerie depuis janvier 2012. Grégory et son frère Dominique, dignes héritiers d'une lignée originaire de Charente installée en Guadeloupe dès l'arrivée des Français sur l'île, ont pris les commandes laissées par leur grand-père et leur père Alain et sont déterminés à maintenir la tradition. La renommée du Rhum Montebello n'est plus à faire, mais l'histoire continue.

UN PROCESSUS DE FABRICATION UNIQUE

La matière première

Le choix des techniques utilisées pour la production est dicté par l'histoire et la géographie des lieux, ce qui façonne le caractère final du produit. Pour être considéré comme du « Rhum Agricole », la canne à sucre doit provenir de plantations clairement identifiées et les approvisionnements ne doivent pas être mélangés à leur arrivée à la distillerie.

La saison de coupe des cannes commence début novembre chez Montebello, et cette étape est déterminante dans le processus de fabrication. La coupe manuelle est préférable à la coupe mécanique, car les cannes coupées à la machine sont plus exposées aux fermentations spontanées et à une sèche rapide. De plus, les petites pierres ou morceaux de terre ramassés lors de la coupe peuvent endommager les installations des distilleries. Les cannes coupées à la main avec minutie et patience donneront un produit de meilleure qualité. Cependant, cette méthode est moins rentable en termes de volume.

La distillerie Montebello est fière d'assurer que plus de 90% de sa production provient de cannes ramassées à la main provenant de petits agriculteurs travaillant sur les terroirs volcaniques de la Soufrière, sans intrants ni phytosanitaires. Les rhums Montebello sont issus de Canne Verte (PR 61-632), Canne Rouge (R579) et Canne Blanche (R570). Ces différentes variétés sont assemblées ou non pour créer l'identité des futurs rhums.

La canne à sucre est défibrée avant d'être envoyée vers la broyeuse de canne, qui est une machine endémique de Marie-Galante datant de la fin du XIXe siècle. Le jus de canne frais appelé "vesou" s'écoule dans une maie sous la broyeuse, laissant apparaître le résidu fibreux de broyage appelé "bagasse". La bagasse est stockée dans les immenses greniers de la distillerie avant d'être réutilisée pour faire fonctionner la distillerie. La combustion de ses fibres naturelles permet de faire fonctionner la machine à broyer ainsi qu'une des colonnes de distillation. La Distillerie Montebello est une des dernières de la Caraïbe à fonctionner entièrement à la vapeur, et une des chaudières, la Stirling, fait partie du patrimoine guadeloupéen.

La Fermentation

La fermentation est naturellement activée à l'aide d'une technique appelée "pied de cuve", qui consiste à laisser une partie du vin de canne fermenté en bas de la cuve. Si nécessaire, une levure de boulanger peut être utilisée, mais cela peut entraîner une perte d'identité du rhum. Les fermentations durent entre 48 et 72 heures dans un milieu bactérien riche, sans couvrir les cuves. À la fin de la fermentation, le vin de canne titre entre 6 et 8% d'alcool. La durée et le choix des levures utilisées dans la fermentation sont des éléments déterminants pour le profil aromatique du rhum.

La Distillation

Le rhum agricole doit son identité à une distillation particulière appelée "continue". Contrairement aux alambics à "repasse" utilisés pour la fabrication des whiskies, cognacs ou armagnacs, qui nécessitent une double distillation plus lente et coûteuse, la distillation continue permet d'obtenir rapidement un distillat fin et puissant à partir de la canne à sucre. La distillerie Montebello dispose de deux colonnes, une en cuivre pour les rhums premium et une en inox pour les rhums classiques. Le degré alcoolique du rhum en sortie de colonne est important pour son profil aromatique, car une distillation rapide donne un rhum neutre tandis qu'une distillation plus lente permet d'obtenir des distillats plus expressifs.

Réduction et brassage

Après la distillation, le rhum doit être stocké dans des cuves pendant plusieurs mois afin d'éliminer les impuretés dangereuses pour la santé, telles que le méthanol. La distillerie Montebello laisse reposer ses rhums blancs pendant 8 à 10 mois avant de les mettre en bouteille. Ensuite, le rhum est dilué lentement avec de l'eau filtrée ou de source proche de la distillerie jusqu'à atteindre le degré d'alcool souhaité par le Maître de Chai. En février 2019, la distillerie Montebello a créé une série limitée de 943 bouteilles d'un rhum Brut de Colonne mono-variétal (Canne Rouge R579) appelé The Bolokos, qui a été vieilli pendant 12 mois dans les cuves de la distillerie. Ce rhum, qui titre à 76%, est célèbre pour son audace et son packaging unique (avec des illustrations d'Edy Caramello) et prouve que même les rhums puissants peuvent être élégants et délicats.

Vieillissement et Part des Anges

Le rhum est ensuite soit stocké dans des cuves en inox pour le brassage et la réduction, soit mis en fûts dans le chai de vieillissement pour produire du rhum vieux. La distillerie Montebello a été l'une des premières à produire du rhum vieux en Guadeloupe, en achetant des anciens fûts de Bourbon en 1974. Les fûts utilisés pour le vieillissement des rhums Montebello sont principalement des fûts de Bourbon américains, des fûts de Cognac et parfois des fûts de vin pour les finishs. Cette variété de bois permet de créer l'âme des rhums Montebello en jouant avec les qualités de chaque fût.

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